Les démons du muséum
Michel Perrin, illustrations d'Alexandra Widendaele
|
Présentation de l'éditeur
La nuit, au Muséum d'histoire naturelle, les ombres deviennent menaçantes. Thomas, le fils du gardien, aidé de son amie Chloé et de son père, un commissaire pas comme les autres, tente de découvrir qui en veut au squelette de Lucy, notre ancêtre australopithèque. Entre un groupuscule créationniste, un taxidermiste noctambule et les fantômes de Buffon et Darwin, les deux jeunes iront jusqu'à risquer leur vie pour que le musée retrouve la paix. Mais y parviendront-ils ? |
Roman jeunesse de Michel Perrin
Couverture couleur et 10 illustrations intérieures noir et blanc par Alexandre Widendaele
Collection Graine d'orties
L'auteur
Michel Perrin est l'auteur de nombreux livres inclassables, de petites merveilles iconoclastes à mettre entre toutes les mains. Il a déjà publié chez Chant d'orties La valse des pantins.
Un extrait de "Les démons du Muséum"
 CHAPITRE l
LES FANTÔMES ÉCARLATES
La pluie drue tambourine contre les volets et martèle le trottoir de la rue Buffon. En écho, le tic-tac du réveil sabre la mesure, grignotant lui aussi le silence. Dans l'île de son lit, caché sous les draps tel un Indien dans sa tente, à la lueur d'une lampe de poche Thomas achève de dévorer un livre de mystères et d'aventures. L'ultime page lue, il émerge des couvertures et, la tête envahie de chimères, attend en vain le ressac du sommeil.
Les yeux ouverts scrutant le noir et l'oreille dressée à l'écoute de la nuit, le garçon rêve éveillé. Il imagine d'obscures créatures épousant les ténèbres: cambrioleurs, assassins, monstres, démons et fantômes ...
A tâtons, Thomas allume sa lampe de chevet. Minuit. Sous le lit, dans les coins de la chambre, derrière l'al moire, bien sûr il n'y a rien ni personne. Déçu sans doute, se lève, entrouvre la porte et, sa torche à la main, se faufil dans le couloir. Une latte de parquet gémit; un instant, le garçon se fige, aux aguets. Derrière un huis clos, monte un du de ronflements, l'un lourd, l'autre plus léger: ses parents en dormis.
A pas de loup, Thomas poursuit son chemin au bout du corridor. Là, fermée à double tour, il y a une porte... LA PORTE, au-delà de laquelle s'amorce un autre monde .
La clef extirpée de sa cachette - soupière sur un guéridon - tourne dans la serrure. Sans bruit, le garçon se glisse par l'entrebâillement. Guidé par le pinceau lumineux, il gravit le marches vermoulues d'un escalier en colimaçon à la rampe brimbalante. Ouvrant un second battant, il traverse une pièce remplie d'objets insolites,« outils à savoir». Enfin, au fond d laboratoire, il déverrouille l'ultime porte.
Clignant des paupières, Thomas s'accoutume peu à peu la pénombre qui occupe l'espace devant lui, indécis. Dégringolant de la verrière sur laquelle résonne le tam-tam d l'averse, le clair de lune farde des formes et balaie des ombre de-ci de-là. Flèches blêmes décochées au hasard des nuage les rayons lunaires dévoilent d'étranges silhouettes géante qui semblent danser une valse lente dans la vaste salle. Un horde de squelettes hérissés s'ébauche... Animaux d'autrefois désormais fossiles.
Frôlant le Smilodon - formidable félin à dents de sabre le garçon s'aventure dans la Galerie de Paléontologie, installé à l'étage de l'un des nombreux bâtiments du Muséum national d'histoire naturelle de Paris.
Spectres de craie, derrière une vitrine s'alignent des primates : le Proconsul vieux de 18 millions d'années, ancêtre commun des grands singes et de l'homme ; un moulage de vestiges fossilisés de l'illustre Lucy, australopithèque âgé d quelque 3 millions d'années.
Entre le mammouth et le mastodonte à quatre défense! Thomas en silence s'avance dans la salle immense, remontant ainsi au fond des âges, parmi démons et merveilles.
Là, armés de crocs, de griffes, de cornes, gigantesques et fantasques, s'échafaudent les dinosaures: l'Allausorus au dents en poignards; le Triceratops et sa collerette; l'Archaeopteryx, le plus ancien des oiseaux; le Diplodocus, énorme végétarien tout en longueur; puis, là-bas sur un socle, le crâne monumental du Tyrannosaurus, terrible carnivore.
Les moulages noirs et les ossements écrus des fossile se métissent et s'enchevêtrent. Hallucinante forêt de clair obscur.
Toujours ébahi, le garçon soudain s'arrête; il écoute, il entend ...
Des bruits d'abord indistincts se précisent: des étoffe qui bruissent, des flammèches qui crépitent. Brusquement apparues sur le seuil, deux formes s'esquissent puis s'évanouis sent dans la galerie.
Prudent, Thomas se dissimule derrière l'ossature d'un colosse.
Accroupi, il entrevoit une double étoile rousse qui clignote, un halo où se découpe à la sanguine le profil des intrus : ample cape écarlate et haute cagoule pointue.
A pas feutrés, les fantômes rouges progressent armés dl Leurs torches, tels des feux follets éraflant les fossiles...
|
|
